30.12.11

L'appât, de José Carlos Somoza

Quand je vois un nouveau Somoza sur une table de librairie, je résiste rarement. Et en général, je ne le regrette pas : je trouve que la puissance d'écriture de cet auteur ne faiblit pas avec les années, bien au contraire.
Dans ce nouvel opus, c'est le théâtre de Shakespeare qui sert de toile de fond à l'exploration d'une nouvelle facette, fictionnelle, de la psychologie humaine. Chacun de nous serait en effet gouverné par son "psynome", qui, tel le génome, conditionnerait entièrement et mathématiquement ce qui nous procure du plaisir. L'illustre auteur anglais en aurait eu vent, même si à son époque il ne s'agissait que d'intuitions et non de savant profils mis en équation par des ordinateurs quantiques, et chacune de ses pièces décrirait ainsi un ou plusieurs "psynomes", ou philias. La police secrète se sert donc de son théâtre pour entraîner des "appâts" à la maîtrise de toutes les figures permettant de captiver les différents psynomes, faisant ainsi de ces agents très spéciaux des armes redoutables, notamment pour capturer les psychopathes en les neutralisant par une overdose de plaisir.

Diana Blanco est l'un d'entre eux. Décidée à arrêter sa carrière pour vivre "comme tout le monde" une histoire d'amour avec Miguel Laredo, elle va cependant se lancer à la poursuite du "Spectateur", ignoble tueur en série qui déchaîne la presse espagnole : sa propre sœur est en effet selon toute vraisemblance tombée entre les griffes du monstre.

Comme d'habitude chez Somoza, on est entraîné dans un suspens sophistiqué, qui plonge dans nos ressorts psychologiques, nous glace souvent d'horreur, et dans des retournements de situation qui nous surprennent jusqu'aux dernières lignes. Rien n'est jamais "convenu" ou attendu chez lui, et c'est ce qui en fait pour moi le meilleur des auteurs de thrillers. Et même si le psynome n'est qu'une fiction (très bien élaborée), je crois que je ne lirai plus jamais Shakespeare de la même façon...

Je trouve la critique de Livresque Sentinelle un peu sévère, je suis plus en accord avec celle de chroniques littéraires de la rentrée, qui propose en outre un entretien avec l'auteur.

Et je m'aperçois que je ne vous ai rien dit de ma lecture, relativement récente, de La théorie des cordes, qui m'a aussi fait frémir. Un de ces jours peut-être...

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